René Magritte (1898-1967)

Au premier abord, René Magritte est une personne quelconque vêtue de manière bourgeoise, arborant un chapeau melon et cachant son visage. Sous cette apparence de monsieur Tout-le-monde se cache un artiste atypique. À partir d’images du quotidien, ce représentant du surréalisme belge parvient à créer des compositions étranges et énigmatiques.

Chacune de ses œuvres offre plusieurs niveaux de lecture combinant aussi bien l’humour que la poésie. Les métaphores que l’on trouve dans ses toiles ou ses photographies font réfléchir sur la réalité du monde. Véritable maître des énigmes, René Magritte utilise des motifs récurrents (la pomme, l’oiseau, l’homme au chapeau melon) pour représenter le réel sous forme de rébus.

Naissance d’une vocation artistique

Né le 21 novembre 1898 à Lessines, René François Ghislain Magritte est né dans une famille bourgeoisie belge. Durant son enfance, le garçon se prend de passion pour tout ce qui touche à l’image, des bandes dessinées, au cinéma et à la photographie. Pendant la Grande Guerre, Magritte s’installe à Bruxelles et s’inscrit à l’Académie des beaux-arts de Bruxelles.

Rapidement, Magritte découvre la peinture métaphysique de l’Italien Giorgio De Chirico et le mouvement Dada initié pendant le conflit mondial. L’influence du dadaïsme le pousse à transposer dans ses toiles des espaces urbains vides où les passants sont vêtus de costumes sombres. À partir de 1925, Magritte se tourne vers le surréalisme et signe le Jockey perdu, son premier tableau surréaliste. Parallèlement à ses travaux d’artiste, le peintre gagne sa vie en tant que publicitaire dans une fabrique de papiers peints.

De 1927 à 1931, Magritte séjourne à Paris et fréquente le groupe des surréalistes, dominé par la personnalité d’André Breton. Il participe aux expositions collectives du mouvement et voit sa notoriété se développer. En 1928, sa première exposition se tient à Bruxelles, tandis que le musée de Grenoble se porte acquéreur de l’un de ses tableaux. Membre à partir de 1932 du parti communiste belge, Magritte poursuit aussi des activités littéraires, participant à de nombreuses revues, tandis que son art commence à être connu aux États-Unis. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il décide de réformer sa peinture pour créer une manière plus lumineuse, proche de celle des impressionnistes du siècle dernier.

Contestation et parodie par l’image

Devenu célèbre en Belgique, Magritte reçoit en 1953 la commande d’une décoration monumentale pour le casino de Knokke-le-Zoute. C’est également l’époque des œuvres les plus populaires: la période vache, Les Barricades mystérieuses ou encore La Fée ignorante. Exposé à Bruxelles et au Museum of Modern Art de New York, Magritte jouit d’une réputation devenue internationale.

Au-delà de la dimension critique, ses créations s’engagent dans une réflexion sur les rapports entre les mots et les images. L’artiste est bien, aux yeux de Magritte, l’homme de la Tentative de l’impossible. Sur ce tableau de 1928, on découvre un artiste (Magritte lui-même) en train de représenter une femme nue. Dans cette tentative qui semble déraisonnée, le peintre est en train de peindre son modèle directement dans l’espace. Ainsi, ce n’est pas un tableau qu’il crée, mais la réalité même.

Si tel est bien le sens de l’art pour Magritte, on comprend alors aisément la Trahison des images. Dans ce tableau de la même époque, l’artiste représente une pipe ornée d’une légende: «Ceci n’est pas une pipe». Tel est la constatation évidente mais désespérée que fait l’artiste: l’image d’une pipe n’est pas une pipe, une image n’est jamais la réalité, elle n’est qu’un simulacre condamné à l’inutilité.

Démarche artistique de René Magritte

Cette impossibilité d’atteindre la vérité conduit le peintre à jouer de la capacité de tromperie de la figuration. Un visage est aussi un corps féminin dans le Viol en 1934. Le plein jour du ciel coexiste avec l’éclairage nocturne d’un jardin dans l’Empire des lumières en 1954. Un aigle peut devenir gigantesque et n’avoir comme corps que la transparence d’un azur peuplé de nuages dans la Grande Famille en 1963.

La figuration dite réaliste nous conduit à la rêverie et à une meilleure connaissance de ce réel. Lorsque Magritte illustre de dessins des textes littéraires, il choisit les Nécessités de la vie (1946) de Paul Eluard, après les Chants de Maldoror (1945) de Lautréamont.

Mystérieusement, c’est avec de telles œuvres, dont la dimension conceptuelle est nettement affirmée, que Magritte est arrivé à la célébrité. L’art moderne de Magritte encourage à explorer le monde extérieur et à se poser des questions sur notre environnement. Ses œuvres sont largement représentées dans les musées européens et américains et dans les collections privées.

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