Alain Mimoun (1921-2013)

Alain Mimoun

Figure emblématique de l’athlétisme, Alain Mimoun est un sportif français au destin exceptionnel. Tout commence dans un petit village d’Algérie où ce garçon prend conscience de son attachement profond à la France. Ensuite le destin va accompagner Alain Mimoun tout au long de son aventure : de l’Algérie française, aux pentes du Monte Cassino, jusqu’aux Jeux olympiques de Melbourne.

Sportif au palmarès hors du commun, quatre présidents français l’ont décoré de la Légion d’honneur. Le public lui rend régulièrement hommage pour sa générosité et son authenticité. Dans un reportage sur la Seconde Guerre mondiale, on voit ce tirailleur algérien exposer le souvenir d’une longue nuit, grièvement blessé, allongé à l’arrière d’un camion, à se demander comment allait continuer sa vie.

Servir la France, un rêve d’enfant

Né le 1er janvier 1921 à Maïder (Algérie), Ali Mimoun Ould Kacha grandit dans une famille d’agriculteurs aux côtés de sept frères et sœurs. Issu d’un milieu modeste, sa famille réussit à envoyer Ali Mimoun à l’école où il est un bon élève. À onze ans, certificat d’études en poche, Ali envisage de poursuivre ses études.

Avec l’appui de sa mère, Ali Mimoun se destine à devenir instituteur. Pour réaliser son rêve et entrer à l’Ecole Normale, sa famille a demandé une bourse à l’Académie. Pour des raisons liées à la situation de l’Algérie à cette époque, la bourse lui est refusée. Un injustice ? le jeune Alain ne se laisse pas abattre et décide de poursuivre ses efforts.

A cet instant, Alain Mimoun décide de quitter l’Algérie, de s’installer en métropole et de devenir citoyen français à part entière. Au fond de lui, le garçon ressent un profond attachement à la France et rêve de servir le pays. De plus, il est convaincu que son avenir est de l’autre côté de la Méditerranée. Trois mois avant ses 18 ans, Alain franchit le pas et s’engage dans l’armée française.

Combattant de la France libre

En 1939, Alain Mimoun rejoint un régiment de tirailleurs algériens sur le front belge. Durant neuf mois, il va assister impuissant à la guerre éclair menée par l’armée allemande. Lors de l’armistice de 1940, Alain rejoint son régiment à Bourg-en-Bresse où le destin lui fait découvrir une compétition de course à pied.

Après l’occupation de la zone Sud, Alain Mimoun poursuit la Seconde Guerre mondiale au 19e régiment du génie d’Alger comme démineur. Sous les ordres du général Giraud, il participe à la bataille d’El Guettar durant la campagne de Tunisie. Puis en juillet 1943, il est envoyé en Italie comme caporal dans le 83e bataillon du génie. C’est à ce moment que de la bonne étoile d’Alain Mimoun va briller sur lui.

Un obus de quatre-vingt-huit autrichien explose à quelques mètres du démineur algérien. Gravement blessé à la jambe et au pied, Alain est évacué sur un hôpital de campagne. Le diagnostic tombe, le médecin américain préconise d’amputer la jambe. C’est à moment que le destin du futur champion va se jouer. Un orage éclate et Alain Mimoun est évacué sur Podzoli où un médecin français, le docteur Grasset, l’opère et lui sauve la jambe.

La Providence en a voulu autrement, Alain Mimoun ne gardera aucune séquelle de la blessure. Après sa convalescence, il participe au débarquement de Provence en 1944, Marseille, les Vosges, le Rhin et l’Allemagne où il prendra part à la dislocation des dernières unités de l’Axe.

Au départ, rien ne destinait Alain Mimoun à devenir un grand champion de course à pied. Cela s’est passé fin 1940, lorsque Mimoun , alors cantonné à Bourg-en-Bresse, a ressenti l’envie de faire quelques tours sur la piste. Au abord du stade, il rencontre Henry Villard, responsable du club d’athlétisme. Alain Mimoun ne le sait pas encore, par contre cette rencontre sera déterminante pour sa carrière. Rapidement, Henry Villard croit en lui et l’encourage à s’entraîner. Au bout de quelques mois, Mimoun mou remporte le championnat départemental de l’Ain devant un public de 4000 personnes.

Consécration aux Jeux Olympiques de 1956

Après sa démobilisation en 1946, Alain Mimoun s’installe à Paris à la Croix-Catelan (Bois de Boulogne ) dans un modeste deux pièces et occupe un emploi de garçon de café. Rapidement sa carrière sportive décolle, champion de France sur cinq mille et dix mille mètres en 1947, puis trois médailles d’argent au Jeux olympiques en 1948. Lors d’une compétition de course de fond à Prague, Mimoun fait la connaissance d’Emil Zatopek (la locomotive tchèque) qui sera en même temps son rival sur la piste et son ami dans la vie.

L’année 1956 marque un tournant dans la vie du champion. Tout d’abord, le 11 juin 1956, il se marie à Germaine Roubenne avec qui il aura une fille, Pascale-Olympe. Puis le 1er décembre 1956, Alain Mimou prend part au marathon olympique disputé à Melbourne. Aussi surprenant que cela puisse paraître, c’est la première fois que ce coureur de fond participe à un marathon. Sous un soleil de plomb, quarante-cinq concurrents sont sur la ligne de départ pour une course de 42,195 km. Contrôlant ses adversaires, notamment, l’américain John Kelley, Mimoun se retrouve seul en tête à mi-parcours. Aujourd’hui, la victoire est pour lui, il le sent, surtout de ne pas faiblir. Au bout de 2h25, il entre dans le stade olympique devant 120 000 spectateurs qui l’acclament. À 35 ans, Mimoun réalise son rêve en devenant champion olympique et en ayant enfin battu Emil Zatopek.

Palmarès de Alain Mimoun

AnnéeCompétitionÉpreuveClassement
1947 à 1956Championnat de France5 000 m8 titres
1947 à 1959Championnat de France10 000 m12 titres
1956Jeux olympiquesMarathonMédaille d’or
1952Jeux olympiques10 000 mMédaille d’argent
1951Jeux méditerranéens10 000 m1er

Avec 44 titres nationaux et internationaux, Alain Mimoun est le grand champion français de l’athlétisme. A force de courage et de détermination, ce garçon des hauts-plateaux de Telagh est devenu une légende du sport français. Son héritage continue d’inspirer, rappelant  que la persévérance et l’humilité peuvent mener aux sommets.

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